(AGENPARL) – BRUXELLES mer 15 marzo 2023
Our last European Council was marked by the participation of President Volodymyr Zelenskyy. He took part in a brief plenary session, where we took the opportunity to reaffirm our full support for Ukraine for as long as it takes, because defeat for Ukraine is not an option. President Zelenskyy then met in small formats with leaders about intensifying the direct operational assistance, especially for more weapons. To win the peace, we must strengthen our defence and our capabilities. And three days after the Russian attack, we took the decision to deliver arms and munitions to Ukraine, and this marked a paradigm shift. I believe this was the birth of our European defence. Strengthening our European defence means developing our industrial capacities and this is urgently needed to support Ukraine. Russian forces have fired between 20 000 and 50 000 artillery shells per day in recent months. Ukraine needs ammunitions to defend itself and that is why we have worked on the proposal of the Estonian Prime Minister, Kaja Kallas, to organise bulk orders to support the pace of our deliveries to our Ukrainian friends, and High Representative Borrell has developed a concrete plan to implement this assistance to Ukraine.
We would like to see an escalation. We would like to see an escalation towards peace. But Russia has not stopped escalating the war. It would only take one decision, just one decision from the aggressor to engage in peace, to silence the weapons and to withdraw its troops behind the internationally recognised borders of Ukraine. Unfortunately, we do not see any signals from the Kremlin in this direction. And despite this, we continue to fight the battle for peace, the diplomatic battle. We support the just peace formula proposed by President Zelenskyy. It is based on the UN Charter, it is based on respect for international law, and we are working hard to rally the international community behind peace efforts, as we did in the run-up to the vote in the UN General Assembly calling for the withdrawal of Russian forces from Ukraine territory. We also discussed, for instance, this, with many contacts at the recent African Union summit in Addis Ababa, and the High Representative went to the United Nations in New York for the vote. The resolution was supported by an overwhelming majority of 141 countries. This vote is encouraging, but the work of convincing others remains extremely challenging.
The economic consequences of the war in Ukraine have forced us to ask ourselves the right questions about the competitiveness of our economy, both in the short and the long term. Just one example to illustrate the challenge: the EU’s energy trade deficit. In 2022, we presented some 4% of our GDP, compared with 1.7% in 2021, while the United States has seen its surplus increase threefold during the same period. Energy export in the United States increased by 60% in 2022. Last December, the European Council asked the Commission to present ways of helping our industry drive forward our green and digital transition, especially in the context of more targeted state interventions, including by the United States. And we have decided on our short-term strands of action. First, relaxing the state-aid regime in a targeted and time-limited way, coupled with greater flexibility in the use of all existing financial means. Second point, making life easier for our businesses by streamlining procedures and authorisations. And third, stepping up training and retraining to provide our future sectors with the professionals they desperately need. But ladies and gentlemen, we also must take action in the long term, because we cannot allow the short-term measures to undermine our long-term strategy. And this is exactly, precisely the debate we will have next week at our next European Council on the competitiveness of the European economy. And we expect the proposals requested from the Commission tomorrow.
In the long term, I think we need to work on three areas: investment, innovation, and trade. First, investment: European companies, particularly SMEs, are having difficulty finding the capital they need to invest in innovation. The gap between the EU and the United States in terms of productive investment represents 2% of GDP. Another example, EU stock market capitalisation is less than half that of the US, as a proportion of gross domestic product. And yet, Europeans save far more than Americans. We must close this gap and we know the solution. There is a solution, which is called the Capital Markets Union, a project whose foundations were laid almost 10 years ago. And it is now crucial that we speed up effective work to bring this essential project to fruition, to finance our economy, to create jobs, and to ensure the well-being of all Europeans for decades to come.
C’est aussi pour cette raison qu’avec la présidente de la Commission, la présidente de la Banque centrale européenne ainsi qu’avec le président de la Banque européenne d’investissement et le président de l’Eurogroupe, nous avons lancé publiquement cet appel à accélérer le travail en lien avec l’union des marchés des capitaux.
Mesdames et Messieurs, le deuxième point sur lequel nous devons travailler porte sur l’innovation. Nous nous souvenons tous que, il y a quelques années déjà, la stratégie de Lisbonne avait défini un objectif ambitieux – 3 % du PIB devait être dédié à la mobilisation des capacités vers l’innovation. Or, nous voyons bien que le résultat n’est pas à la hauteur de l’objectif qui avait été fixé à l’époque. Nous devons faire plus, nous devons faire mieux, et cela fera certainement partie du débat qui aura lieu au sein du Conseil cette semaine. Nous voyons par exemple, si je prends les plateformes numériques, que pour celles-ci, 90 % de leur capitalisation pour les 70 entreprises les plus importantes dans le monde relèvent des États-Unis et de la Chine: cela montre la faible proportion de la capacité de l’Union européenne à se déployer dans des secteurs qui sont pourtant essentiels pour notre avenir commun.
Enfin, le troisième point que je souhaiterais mentionner à cette tribune, c’est l’enjeu du commerce. Quelques réflexions sur ce sujet avec vous. Le commerce a été pendant de très nombreuses années, pour ainsi dire, un atout sacré pour l’Union européenne. Ce fut un moteur puissant de prospérité, de capacité à générer du développement et de l’amélioration des conditions de vie pour nos concitoyens. Et nous voyons bien aujourd’hui, il faut le considérer avec lucidité, que si nous sommes dans la “Ligue des champions” pour négocier des accords commerciaux, on a de plus en plus de difficulté à veiller à ce qu’ils soient mis en œuvre. Ainsi, depuis 2006, sur quatorze accords commerciaux qui ont été conclus, pour l’immense majorité soit l’entrée en vigueur s’est faite de manière provisoire et non pas définitive, soit l’entrée en vigueur est restée au point mort. On aura dans les mois qui viennent, avec par exemple le Mercosur, le Chili ou la question du Mexique, un certain nombre de choix qui devront être faits. Il faudra regarder la vérité en face. Pour vous dire le fond de ma pensée sur le sujet, je pense que nous avons deux enjeux en lien avec notre politique commerciale pour l’avenir.
Le premier touche à notre méthode de décision: non seulement notre méthode de négociation, mais aussi la capacité à veiller à ce que nos sociétés, l’ensemble des acteurs directement concernés, puissent se sentir impliquées dans le processus, c’est-à-dire travailler pour plus de transparence, pour plus de confiance. Un bon exemple de cela, c’est le Brexit, qui a été l’occasion de mobiliser sans agenda caché, en toute transparence, toutes les informations pour le Parlement européen, pour les parlements nationaux, pour les sociétés civiles, pour les acteurs économiques, et au sujet duquel il a été possible de travailler vite et, je crois, de travailler bien. Sans doute cet exemple-là doit-il nous inspirer pour l’avenir en termes de méthode.
Le deuxième sujet est celui du fond. Je mesure bien qu’il y a une volonté généreuse, sincère, de vouloir régler beaucoup de problèmes dans le monde au travers de l’instrument des accords commerciaux. Mais peut-être faut-il considérer que des choix doivent être faits. Je crois, pour ce qui me concerne, qu’un accord commercial doit contribuer d’abord à améliorer, à renforcer les relations commerciales – on a parfois tendance à l’oublier, c’est un objectif d’un accord commercial. Il doit aussi conduire à encourager davantage de soutien dans le monde pour les standards exigeants que nous souhaitons, par exemple pour les conditions de travail, ou par exemple pour les conditions environnementales. Parfois, à vouloir trop embrasser, nous étreignons mal; peut-être devrons-nous avoir ce débat démocratique. Il est certain que le Parlement européen, à cet égard, a un rôle majeur à jouer.
Enfin, envisager notre avenir économique. La compétitivité de l’Union européenne implique aussi de considérer la relation que nous avons avec d’autres grands acteurs dans le monde. Les États-Unis, bien sûr, la Chine également. Dans ce cadre, il va de soi que, conformément aux traités, le Conseil a bien l’intention d’assumer pleinement sa responsabilité en lien avec la politique extérieure de l’Union européenne. C’est le sens des débats stratégiques qui ont eu lieu à plusieurs reprises au cours des derniers mois au sein du Conseil européen. Quelques réflexions aussi sur ce sujet. D’une part, il est certain qu’il n’y a pas d’équidistance entre États-Unis et Chine. Nous sommes un allié solide, loyal et fidèle des États-Unis. Nous développons avec ce pays des liens historiques, des liens qui portent sur les valeurs, des liens qui touchent aussi à la coopération économique et qui touchent très directement, on le voit bien, à l’enjeu de notre sécurité. Et dans le même temps, la Chine est une réalité, un fait, un acteur majeur sur la scène internationale, et c’est la raison pour laquelle il me semble qu’il y a trois éléments clés dans notre relation à la Chine. D’abord rester debout, les yeux dans les yeux, s’agissant des valeurs fondamentales, défendre les droits de l’homme et les principes démocratiques qui nous tiennent à cœur, qui nous sont chevillés au corps. Faire en sorte, ensuite, que l’on puisse s’engager pour tenter de réduire des dépendances qui peuvent coûter cher, on l’a vu avec la Russie s’agissant des questions énergétiques; cela veut dire rééquilibrer les relations économiques avec la Chine, singulièrement en ce qui concerne les enjeux stratégiques, pour l’avenir de la prospérité de l’Union européenne. Et enfin, il va de soi, personne n’en doute, je crois, ici, qu’il n’y a pas d’autre option que de dialoguer avec la Chine sur les sujets globaux, ceux qui touchent au changement climatique, ceux qui touchent par exemple à la santé mondiale également. Et c’est dans cette perspective que nous allons continuer, au départ du Conseil, à assumer notre responsabilité dans la politique extérieure de l’Union européenne en engageant le dialogue avec les différents pays avec lesquels nous devons envisager un certain nombre de sujets de discussion.
Enfin, je conclus par ce thème, qui n’est pas un thème mineur: le Conseil européen a été l’occasion d’aborder en détail la question des migrations. Nous savons que ce sujet migratoire est un sujet qui donne lieu à des tensions politiques et idéologiques, et qui est aussi parfois instrumentalisé pour susciter de la polarisation au sein de nos sociétés. Nous pensons qu’il faut faire preuve de sang-froid et de rationalité dans l’analyse de cet enjeu.
D’une part, nous faisons confiance au travail qui est mené par le Parlement européen en lien avec la présidence rotative afin de faire entrer en vigueur le pacte migratoire. C’est la dimension interne de la migration et nous veillerons à ce que, de la part du Conseil, il y ait aussi cette capacité à nous engager pour progresser sur ce sujet dans les prochains mois.
D’autre part, sans attendre l’entrée en vigueur de ce pacte migratoire, il est certain que nous devons faire mieux et plus en termes de coopération avec les pays tiers, avec les pays d’origine, avec les pays de transit. Plus de coopération pour lutter ensemble contre les trafiquants et les criminels qui spéculent sur la misère et sur la pauvreté. Plus de mobilisation aussi pour ouvrir des canaux légaux de migration, ne pas laisser des trafiquants et des criminels décider qui a la capacité de venir vers l’Union européenne, mais décider en conscience, dans le respect de l’État de droit, de nos décisions, de la façon dont on gère de manière régulière, humaine, avec la fermeté nécessaire, cette question migratoire. Nous aurons l’occasion, la semaine prochaine, de faire aussi un point d’étape à la suite de cette discussion approfondie qui a eu lieu sur ce sujet lors du dernier Conseil européen.
Nous aurons aussi l’occasion, et je termine par cela, d’évoquer la situation dans le cadre de la zone euro puisque nous aurons un sommet de la zone euro, avec la participation de Paschal Donohoe et de Christine Lagarde. Ce sera l’occasion de se pencher sur l’avenir de cette zone euro dans les circonstances que nous connaissons.
Enfin, Mesdames et Messieurs, chers collègues, nous mesurons chacune et chacun que nous sommes confrontés depuis quelques années à des moments qui nous bousculent, à des moments qui nous ébranlent. Nos repères sont mis en doute, nos repères sont remis en question, mais les fondamentaux du projet européen, les valeurs de dignité personnelle, cette promesse de prospérité, cette garantie de sécurité, plus que jamais ces fondamentaux doivent être notre boussole pour l’avenir, pour donner un élan qui, de mon point de vue, touche à cette autonomie stratégique de l’Union européenne, cette souveraineté qui est nécessaire. Plus de résilience, plus d’influence dans le monde, moins de dépendance. C’est la boussole qui doit, je l’espère, dans l’unité, nous animer pour porter ce projet qui nous tient tellement à cœur. Merci de votre attention.
Fonte/Source: http://www.consilium.europa.eu/en/press/press-releases/2023/03/15/report-by-president-charles-michel-to-the-european-parliament-plenary-session/