
(AGENPARL) – MONTRéAL mer 15 marzo 2023 Photo : Caroline Perron
Il y a 150 ans, Urgel-Eugène Archambault fondait Polytechnique, dont il fut le premier dirigeant. S’il existait un moyen de mettre en communication intertemporelle cet illustre personnage avec Maud Cohen, la directrice générale actuelle de Polytechnique Montréal, que pourraient-ils se dire? Nous avons imaginé leur échange.
M. C.
Bonjour, Urgel-Eugène, ici Maud Cohen. Comme nous célébrons le 150e anniversaire de Polytechnique, j’ai pensé tout spécialement à vous. J’avais envie de vous dire merci d’avoir fondé notre université. Vous pouvez en être fier! Quant à moi, en tant que directrice générale, je suis très fière de porter à mon tour le flambeau que vous avez allumé.
U.-E. A.
Bonjour, chère Madame.
M. C.
Je vous en prie, appelez-moi Maud.
U.-E. A.
Très bien, Maud. Excusez-moi, j’ai sans doute mal compris, vous seriez la directrice générale de mon école? Vous voulez dire l’épouse du directeur général?
M. C.
Pas du tout. Je dirige Polytechnique. Et j’en suis une diplômée.
U.-E. A.
Vraiment! Ainsi donc, à votre époque, les femmes s’y entendent en génie?
M. C.
Beaucoup de choses ont changé depuis 150 ans, vous savez. Aujourd’hui, les femmes représentent près de 30 % de nos effectifs étudiants et 19 % de notre corps professoral. Nous sommes un des établissements de génie qui en accueille le plus.
U.-E. A.
Ça alors! Mais vous me parlez d’effectifs… Ils sont importants? Parce que moi, j’ai eu du mal à recruter professeurs et étudiants. On les comptait sur les doigts de la main les premières années.
M. C.
Aujourd’hui, nous accueillons plus de 10 000 étudiants et étudiantes. Nous comptons plus de 300 professeurs et avons plus de 1 500 membres du personnel.
U.-E. A.
C’est prodigieux! Je suppose qu’avec une telle expansion, Polytechnique a quitté sa bâtisse du centre-ville depuis longtemps?
M. C.
Polytechnique s’est installée au milieu du XXe siècle sur le flanc du Mont royal. Nous avons quatre grands pavillons maintenant, mais nous y sommes encore à l’étroit.
U.-E. A.
J’espère que les laboratoires sont mieux équipés qu’à mon époque! Et mieux chauffés l’hiver, brrr!
M. C.
Nous avons des laboratoires d’enseignement et des laboratoires de recherche. Non seulement ils sont chauffés, mais leurs équipements dépassent tout ce que vous pourriez imaginer. Par exemple, notre laboratoire de structures permet d’étudier à grande échelle le comportement des grands ouvrages de génie civil soumis à des charges extrêmes, tandis que dans notre laboratoire de mécanique multi-échelle, on peut observer des interactions entre matériaux à l’échelle nanoscopique.
U.-E. A.
Notre école de génie mène donc de la recherche scientifique dans beaucoup de domaines au XXIe siècle?
M. C.
Polytechnique est dorénavant une université reconnue comme un pôle scientifique et technologique de calibre international. Elle participe au développement des entreprises locales et internationales. En outre, elle encourage ses chercheurs et ses étudiants à créer leurs propres entreprises pour appliquer industriellement les innovations issues de ses laboratoires.
U.-E. A.
Ainsi, mon rêve de former suffisamment d’ingénieurs canadiens-français pour accompagner le Québec dans sa révolution industrielle s’est largement réalisé?
M. C.
Vous pouvez le dire! Ceux qui vous ont succédé à la tête de Polytechnique ont poursuivi votre objectif. Les diplômés ont amplement contribué à la prospérité du Québec. Au fil des décennies, Polytechnique s’est fait reconnaître pour sa capacité à former les talents les meilleurs pour qu’ils contribuent à transformer la société. Sachez que ces personnes talentueuses viennent aujourd’hui du monde entier. Plus de 128 pays sont représentés à Polytechnique.
U.-E. A.
Tout ce monde-là viendrait donc pour apprendre davantage que la construction des ponts, des routes ou des chemins de fer…?
M. C.
Le génie civil demeure un de nos domaines de formation et de recherche, mais il y a aussi les télécommunications, les technologies de la santé, l’aérospatiale, les transports, l’énergie, la science des données, la physique quantique parmi tant d’autres. La société a fait un énorme bond technologique depuis votre époque et Polytechnique est demeurée à l’avant-poste des transformations technologiques et sociales, en formation et en recherche.
U.-E. A.
J’avoue avoir un peu de mal à me représenter la nature de certains domaines que vous mentionnez, mais je trouve enthousiasmant de participer à la marche du progrès! Je vois circuler le tramway dans les rues de Montréal, et j’ai même vu récemment rouler une voiture sans chevaux. Il paraît que cet engin peut dépasser 40 kilomètres à l’heure! Et j’ai entendu parler de ce procédé étonnant appelé téléphone… J’imagine que vos contemporains profitent d’encore plus d’inventions qui permettent à l’homme d’aller plus vite, plus loin et de produire sans efforts. La vie à votre époque doit être devenue plus facile!
M. C.
Le progrès a eu toutefois un prix : la pollution, l’épuisement des ressources naturelles et des effets sur le climat, notamment. L’humanité doit aujourd’hui repenser la façon dont elle se développe et utilise les innovations afin d’en faire bénéficier l’ensemble de la société tout en préservant la nature. Nous avons intégré cette pensée dans la formation de nos ingénieurs et elle guide aussi les recherches menées par nos professeurs.
U.-E. A.
Je suis heureux d’apprendre que Polytechnique regarde de cette façon vers l’avenir. Je peux donc espérer qu’elle célébrera encore bien d’autres grands anniversaires. Merci de votre appel, Maud.
M. C.
Ce fut un plaisir, Urgel-Eugène!
Urgel-Eugène Archambault, fondateur de Polytechnique Montréal
Fonte/Source: https://www.polymtl.ca/carrefour-actualite/magazine-poly/allo-urgel-eugene-ici-maud